1802 : LA REABILITATION BONAPARTISTE DE L’ESCLAVAGE

En 1802, Napoléon Bonaparte, arrivé au pouvoir en novembre 1799 décide de rétablir l'esclavage aboli en février 1794 par la Convention, dans les colonies françaises. L'Amiral Lacrosse a ordre de démanteler l'armée coloniale républicaine forgée par Victor Hugues, dans laquelle de nombreux hommes libres ou anciens esclaves se sont enrôlés. Les Guadeloupéens qui ont goûté à la liberté entendent bien résister. Une force de 3 522 hommes embarqués sur 14 navires, dirigée par six généraux dont Richepance débarque le 6 mai 1802 à la darse de Pointe-à-Pitre. La répression commence : sous prétexte de les passer en revue, des centaines de soldats sont déshabillés, insultés, emprisonnés à bord des bateaux.


La résistance s'organise. Ignace, officier de Pointe-à-Pitre et ses hommes décident de rejoindre à Basse-Terre un autre insurgé, Louis Delgrès. Le 10 mai 1802, Delgrès, officier mulâtre libre né en Martinique prononce un discours demeuré célèbre intitulé "A l'univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir", au champ d'Arbaud. Puis il s'enferme avec ses compagnons dans le fort pour résister. Le 21 mai à l'aube, le général Richepance bombarde le fort avec des canons. Les insoumis bientôt ne ripostent plus, faute de munitions.

La position devenant intenable, Delgrès, Ignace et leurs hommes décident de quitter le fort. Le 22 mai 1802 à 20h, ils sortent par la poterne du Galion (encore visible) et rejoignent la rivière du même nom. C'est ici que le chemin des deux hommes se sépare. Ils ne se reverront jamais. Delgrès se rend au Matouba à Saint-Claude ; Ignace prend la route de Pointe-à-Pitre.

Arrivé le 24 mai à Belle Plaine aux Abymes, Ignace meurt, après de durs combats. Défiguré, on ne le reconnaîtra qu'à ses épaulettes de commandant des grenadiers et à ses deux orteils soudés. Sa tête est exposée sur la place de la Victoire, à Pointe-à-Pitre. Le 26 mai, 100 personnes sont exécutées sur cette même place,
le 27 mai 150 autres à Fouillole.


Le 28 mai, le Matouba est attaqué en cinq points différents. Delgrès et ses compagnons retranchés dans l'habitation Danglemont se font sauter au cri de "Vivre libre ou mourir. À bas l'esclavage, vive la mort !".



En juillet 1802, l'esclavage est rétabli. Il durera jusqu'en 1848, date de sa définitive abolition.

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